miércoles, 18 de noviembre de 2015

«No tendrán mi odio», de Antoine Leiris, esposo de Hélène, masacrada X el terrorismo en París/ESP/FR

Antoine Leiris © Christophe Abramowitz /  RF
«No cambiaré libertad por seguridad»

El viernes por la tarde ustedes robaron la vida de un ser de excepción, el amor de mi vida, la madre de mi hijo.
Pero no tendrán mi odio.

No sé quiénes son  ustedes y no quiero saberlo, son almas muertas.
Si este Dios por el cual matan ciegamente, nos hizo a su imagen, cada bala en el corazón de mi mujer, habrá sido una herida en su corazón.

No les haré el regalo de odiarlos. Ustedes lo quisieron así, pero responder al odio con la cólera, sería ceder a la misma ignorancia que hizo de ustedes, lo que son. Ustedes quieren que tenga miedo, que mire a mis conciudadanos con mirada desconfiada, que sacrifique mi libertad por la seguridad. Perdido. El mismo jugador juega de nuevo. (1)

Esta mañana la vi. Finalmente, después de noches y de días de espera. Estaba tan bella como era cuando partió, tan bella como cuando me enamoré perdidamente de ella, hace más de doce años. Por cierto que estoy devastado por la pena, les concedo esta pequeña victoria, pero será una victoria corta. Sé que ella nos acompañará cada día y que nos reencontraremos en ese paraíso de almas libres al cual ustedes no tendrán acceso jamás.

Somos dos, mi hijo y yo, pero somos más fuertes que todos los ejércitos del mundo. No tengo, por otra parte, más tiempo para dedicarles; debo buscar a Melvil que se despierta de su siesta. Tiene apenas 17 meses, comerá su merienda como todos los días; después iremos a jugar como todos los días. 

Y durante toda la vida este pequeñito, les hará la afrenta de ser feliz y de ser libre. Porque no, ustedes no tendrán tampoco su odio.

*Traducción del francés: Cristina Castello
(1) Para esta expresión idiomática (
Perdu. Même joueur joue encore.), conté con la invalorable colaboración de quien es considerado el mejor traductor de francés en castellano: Pedro Vianna
*Mensaje del periodista Antoine Leiris, publicado en su Facebook le 16 novembre 2015. Antoine es el esposo de Hélène Muyal, asesinada en Le Bataclan, París, el 15/09/2015
*Entrevistado en France Info por Jean Leymarie, dijo: «Continuaré viviendo, saliendo y amando la musica, porque no quiero que mi hijo crezca en el odio, en la venganza o en el resentimiento. De todas formas, una parte mía se fue con Hélène; lo que queda en mí es por Melvil (el hijo). Por él, estoy obligado a olvidar el odio, el resentimiento y la cólera. Si él creciera en eso, sería exactamente lo que son ellos: personas ciegas, violentas, que prefieren los atajos, a los caminos más complejos de la reflexión, de la razón y de la cultura»
Helénè
« Vous n’aurez pas ma haine » - Antoine Leiris
« Je  ne sacrifie pas ma liberté pour la sécurité »

Vendredi soir vous avez volé la vie d’un être d’exception, l’amour de ma vie, la mère de mon fils mais vous n’aurez pas ma haine. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne veux pas le savoir, vous êtes des âmes mortes. 

Si ce Dieu pour lequel vous tuez aveuglément nous a fait à son image, chaque balle dans le corps de ma femme aura été une blessure dans son cœur.

Alors non je ne vous ferai pas ce cadeau de vous haïr. Vous l’avez bien cherché pourtant mais répondre à la haine par la colère ce serait céder à la même ignorance qui a fait de vous ce que vous êtes. Vous voulez que j’aie peur, que je regarde mes concitoyens avec un œil méfiant, que je sacrifie ma liberté pour la sécurité. Perdu. Même joueur joue encore.
Hélène

Je l’ai vue ce matin. Enfin, après des nuits et des jours d’attente. Elle était aussi belle que lorsqu’elle est partie ce vendredi soir, aussi belle que lorsque j’en suis tombé éperdument amoureux il y a plus de 12 ans.

Bien sûr je suis dévasté par le chagrin, je vous concède cette petite victoire, mais elle sera de courte durée. Je sais qu’elle nous accompagnera chaque jour et que nous nous retrouverons dans ce paradis des âmes libres auquel vous n’aurez jamais accès.

Nous sommes deux, mon fils et moi, mais nous sommes plus forts que toutes les armées du monde. Je n’ai d’ailleurs pas plus de temps à vous consacrer, je dois rejoindre Melvil qui se réveille de sa sieste. Il a 17 mois à peine, il va manger son goûter comme tous les jours, puis nous allons jouer comme tous les jours et toute sa vie ce petit garçon vous fera l’affront d’être heureux et libre. Car non, vous n’aurez pas sa haine non plus.

Le message d'Antoine Leiris publié sur sa page Facebook le 16 novembre 2015 © Capture d'écran Facebook
Interrogé sur France Info par Jean Leymarie, Antoine Leiris a expliqué sa démarche. "J'ai l'impression que c'est la meilleure réponse à donner : ils n'auront pas ce qu'ils cherchent. Je continuerai à aimer la musique et à sortir" dit-il. Avant d'ajouter : « Je continuerai à vivre parce que je ne veux pas que mon fils grandisse dans la haine, la violence ou le ressentiment. »

« De toute façon, une grande partie de moi est partie avec Hélène ce jour-là, ce qui reste de moi est pour Melvil. Pour lui, je suis obligé d'oublier la haine, le ressentiment et la colère. S'il grandit là-dedans, il deviendra exactement ce que eux sont devenus : des gens aveugles, violents, qui préfèrent les raccourcis aux chemins plus complexes de la réflexion, de la raison, de la culture...»


1 comentario:

Françoise R dijo...

Muchas gracias Cristina !